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L'internement de l’armée Bourbaki en 1871

L’internement de l’armée Bourbaki en Suisse est à la fois un généreux acte d’humanité et de solidarité et un baptême du feu pour la jeune Croix rouge. Le peintre du tableau panoramique, Edouard Castres, insiste sur la représentation de cette Suisse humanitaire. En choisissant des thèmes peu ordinaires, il rompt avec le contenu classique des panoramas de l’époque. Il représente certes – comme usuel pour l’époque – une situation de guerre, mais l’aborde d’une manière inhabituelle. Son tableau montre le désastre provoqué par la guerre de façon non pathétique et le secours apporté par les Suisses. C’est ainsi que le panorama Bourbaki devient un symbole national.  

Entre le 1er et le 3 février 1871, 87 000 soldats et officiers français accompagnés de volontaires de la Croix rouge, réfugiés civils et quelques prisonniers de guerre allemands passent la frontière suisse entre la Vallée de Joux, Vallorbe, Sainte Croix, Les Verrières et le Jura vaudois et Neuchâtelois. 

Ils sont désarmés puis répartis dans 190 communes de 24 cantons par des unités militaires suisses dirigées par le général argovien Hans Herzog. L’internement de l’armée Bourbaki pose notre pays devant un défi colossal dont le bon déroulement suscitera rétrospectivement une fierté non dissimulée. Accueillir, loger, nourrir, soigner et surveiller plus de 87 000 soldats français demande au jeune Etat fédéral d’énormes efforts. L’armée Bourbaki est dans un état déplorable, meurtrie par la fatigue, le froid et la faim. Elle est accueillie chaleureusement par la population suisse. Les internés reçoivent soins et nourriture. Pourtant 1700 soldats meurent, quelques monuments funéraires nous le rappellent aujourd’hui. 

Illustration 03: Monument commémoratif des soldats de l'armée de Bourbaki situé derrière la Hofkirche à Lucerne, photo prise autour de 1900

En mars 1871, les Bourbaki quittent la Suisse, laissant derrière eux une nation fière de se concevoir désormais comme un pays ouvert, solidaire et humanitaire. La France paie les coûts, la Suisse lui restitue les armes. L’extraordinaire histoire de l’armée Bourbaki restera dans la  mémoire de générations entières. 

1. Une épreuve pour la jeune Croix rouge

Depuis le début de la guerre, des comités d’entraide publics et privés s’organisent dans toutes les grandes villes suisses. Leur rôle premier est de soutenir les militaires suisses à la frontière. En cet hiver particulièrement rigoureux, de nombreux soldats souffrent du froid. Les oeuvres d’entraide envoient chaussures, chaussettes, gants et argent pour soulager leurs souffrance. 

Un comité d’entraide plus important existe depuis 1863, il se dénomme « Comité international de secours aux militaires blessés » et deviendra la Croix rouge. A l’époque, il est fondé à Genève sur l’initiative de Henry Dunant. En 1864, le Conseil fédéral suisse convoque à Genève 15 pays européens et les USA à une conférence qui aboutira à la rédaction d’une convention internationale de protection (neutralisation) des blessés et secouristes en cas de conflit (1re convention de Genève). Depuis 1875, l’organisation porte le nom de « Comité International de la Croix Rouge » (CICR). 

La guerre franco-allemande est le premier grand conflit armé avec lequel est confronté la jeune organisation. Dans cette épreuve du feu, la Croix rouge fait un pas de géant. Et ceci vaut aussi bien pour les sociétés nationales qui oeuvrent au côté des armées au front que pour les sociétés des pays neutres (Belgique, Angleterre, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Norvège, Autriche, Portugal, Russie, Espagne et Suisse). Dès le début de la guerre, le général suisse Hans Herzog appelle les médecins militaires suisses et les autorise à soutenir les soldats. En 1870, 146 médecins et 40 étudiants en médecine participent à cette mission. Le Conseil fédéral encourage cette action tout en veillant à ce que les médecins interviennent pour les deux parties belligérantes. Un réseau international organise la répartition des biens et services médicaux.  

2. Un acte humanitaire

Dès le 26 janvier 1871, le conseiller fédéral Welti informe les cantons qu’un internement sera très probablement demandé et annonce qu’un contingent sera attribué à chacun d’entre eux. À ce moment là, il compte avec 10 000 hommes environ qui pourraient être hébergés dans les casernes. Le 1er février, les cantons apprennent le franchissement prochain de la frontière de plus de 80 000 hommes !  

Le nombre élevé des internés Bourbaki exige non seulement l’intervention des autorités et des comités d’entraide mais aussi celle de la population suisse. 

Au début, les habitants des cantons jouxtant la frontière sont les plus sollicités. Dans la ville de Neuchâtel, 10 000 soldats doivent être hébergés durant la première nuit. Cela s’avère d’autant plus difficile que le quartier général du général Herzog est basé à Neuchâtel et qu’un nombre important de soldats suisses se trouvent déjà en ville. On réquisitionne donc provisoirement écoles, églises et chapelles, remises de la poste, une brasserie, une galerie et autres locaux pour abriter les soldats.

Illustration 04: tableau d'Albert Anker «Hospitalité Suisse»

La réunion du Conseil d’Etat lucernois du 9 février est sans cesse interrompue par l’annonce de l’arrivée de nouveaux trains de réfugiés à la gare de Lucerne. Il envoie un télégramme au commandement d’Yverdon: « Nous demandons aux autorités de nous dire où acheminer les soldats français envoyés ici en trop grand nombre. » A ce stade là, la caserne, l’hôpital et la prison cantonale accueillent 1700 internés et n’ont plus de place. Il faut bien improviser, l’église jésuite baroque est donc réquisitionnée. Les 1100 hommes qu’elle abrite se réchauffent auprès de deux feux allumés dans l’église. Le même scénario se répète le 11 février lorsqu’un nouveau contingent débarque à la gare de Lucerne. 

Illustration 05: Hébergement improvisé des Bourbaki dans l’église St Mangen à Saint-Gall

Le problème de place s’accentue encore car à chaque endroit il faut non seulement héberger les internés mais faire également de la place pour le contingent de surveillants de l’armée Suisse. Il est également nécessaire d’aménager un hôpital militaire en cas d’épidémie. 

190 communes situées entre Genève et Rorschacherberg mettent des logements à disposition des internés. Sur les 130 000 soldats au total, 87 000 trouvent refuge, sécurité et paix en Suisse: des Français et des légionnaires venus de toute l’Europe et d’Afrique du Nord. En comparant le nombre d’internés à la population suisse de l’époque, qui compte à peine trois millions d’habitants, on obtient une augmentation subite de la population de plus de 3%. 

Six semaines plus tard, les Bourbaki peuvent rentrer chez eux. Un montant de 12,2 millions de francs suisses est facturé aux Français qui devront payer par traites à la Suisse d’ici à mi-1872.

Parallèlement à l’internement des Bourbaki, la Suisse entreprend d’autres actions humanitaires qui profiteront principalement aux habitants de l’Alsace, de Strasbourg et de Belfort. Suite à l’occupation de Strasbourg, un comité est créé à Bâle qui réussit, avec l’aide du Conseil fédéral, à faire quitter la ville occupée à 2500 femmes, enfants, vieillards et malades. Une bonne partie sera provisoirement hébergée en Suisse. 

Une vaste campagne d’aide est nécessaire pour gérer le problème posé par l’internement des Bourbaki. Dans le domaine institutionnel, la mise en oeuvre des actions de secours exige à la base un réseau d’organisations, un peu comme lors de catastrophes naturelles. Le système de solidarité organisé en comités qui recueillent biens de première nécessité ou argent n’est pas nouveau. Un système similaire avait été mis en place en 1868 après les inondations alpines catastrophiques. 

La catastrophe de 1868 et l’internement ont tous deux contribué à forger l’identité de la Suisse. Tous deux remplacent l’absence de grandes actions militaires en tant qu’événements fédérateurs pour la nation qui s’inscrivent dans la mémoire collective. La solidarité devient alors l’un des traits caractéristiques de la jeune Confédération suisse.  

3. Neutralité et internement en 1871

Depuis, la Suisse tient une place à part dans la communauté internationale; tout particulièrement lorsque l’on parle d’idéal humanitaire et des mesures qui en résultent. Berceau de la Croix rouge, elle a fait depuis 1863 de l’universalité et de la solidarité l’un des thèmes centraux de sa politique étrangère. Pourtant, l’internement d’une armée entière sur territoire neutre est un fait nouveau en 1871. Réussir ensemble à venir à bout d’une telle tâche renforce la confiance en soi de la jeune nation. 

La guerre franco-allemande tombe à une époque où la Suisse cherche un sens et une interprétation de la neutralité, respectivement de la politique qui s’y rattache. En cas d’internement, elle est consciente que le devoir du pays qui accueille les internés est de les désarmer et de les mettre hors combat, donc de les neutraliser.  

Le président de la Confédération, monsieur Dubs, propose une interprétation quelque peu agressive. En effet, il prévoit d’étendre le territoire suisse jusqu’à Venise et Nice et de créer une structure fédérative munie d’une force de frappe militaire limitée. Il pense ainsi apporter le calme en Italie du nord, région secouée par des conflits à répétition et créer une zone tampon entre les grandes puissances. En 1870, le général Herzog reçoit l’ordre de procéder à une expertise opérative. L’idée s’inspire des accords de paix de Paris de 1815 qui fournissent une définition exacte de la neutralité suisse et lui accordent le droit, en cas de conflit militaire à proximité immédiate, de procéder à une occupation préventive du nord de la Savoie. Cette idée d’occupation est relancée par la guerre franco-allemande et fait l’objet de débats passionnés dans la presse. La France refuse catégoriquement car elle y voit une insupportable ingérence dans la composition du territoire national français qui inclut depuis 1860 la Savoie du nord.

En revanche, l’ensemble du Conseil fédéral est beaucoup plus modéré dans l’interprétation de son rôle en tant que pays neutre sensé jouer le médiateur de paix entre les deux parties belligérantes. Après la défaite française au début de la guerre, plusieurs Etats neutres tentent de lancer une opération de médiation qui n’aboutira jamais. A cette époque, l’interprétation que fait le Conseil fédéral de la neutralité est si restreinte qu’il renonce à participer. 

Le 18 juillet 1870, le Conseil fédéral suisse explique le principe de neutralité dans une note qui sera communiquée aux belligérants et aux puissances alliées. Bismarck rappelle à la Suisse qu’elle doit prendre des mesures militaires pour maintenir la neutralité – c’est-à-dire qu’elle est obligée d’empêcher toute attaque sur le territoire suisse par la force armée. Bismarck tient en haute considération les forces défensives de la Suisse et qualifie l’armée suisse de «milice forte et bien organisée» dans ses mémoires de 1858 et 1868/69.

La Suisse est bien décidée à protéger son territoire. Ainsi, quelques jours avant la déclaration de guerre, cinq divisions fortes de 37 000 hommes sont mobilisées pour partir défendre la frontière nord. Le reste de l’armée est mis en attente. L’Argovien Hans Herzog est nommé général de l’armée suisse mobilisée. 

Lorsqu’en août 1870, la situation se détend au nord de la Suisse, la plupart des troupes sont démobilisées et le commandement dissout. 

Mais le 12 janvier 1871, un commandant de division suisse stationné à la frontière avec ses troupes demande du renfort au Conseil fédéral car de nombreuses unités allemandes sont engagées dans de rudes combats avec l’armée Bourbaki à la frontière nord-ouest. La zone des combats ayant été déplacée vers l’ouest, les unités suisses suivent. Comparé au 200 000 hommes qui s’affrontent de l’autre côté de la frontière, le contingent suisse de 20 000 soldats apparaît plus que modeste.  

Fin janvier 1871, l’armée Bourbaki est acculée et repoussée par les Allemands contre la frontière suisse. Le 1er février 1871 à 2 heures du matin, un officier français apparaît au poste frontière des Verrières et demande à parler au général Herzog pour négocier le passage de son armée en Suisse. Comme le Français n’est pas en possession d’une procuration écrite, il l’envoie en chercher une et profite de ce temps mort pour définir les conditions de passage qu’il veut imposer. Pour cela il se réfère à l’ordonnance du Conseil fédéral du 16 juillet 1870 selon laquelle les réfugiés ou déserteurs qui passent la frontière doivent être internés à une distance raisonnable et qu’en cas d’arrivée massive, ceux-ci soient placés sous surveillance militaire et nourris à un ou plusieurs endroits adéquats à l’intérieur de la Suisse. Une heure et demi plus tard, l’officier français revient avec la procuration et Herzog lui dicte ses conditions dans une maison des Verrières. 

Quelques heures plus tard, de longues colonnes de Bourbaki passent la frontière et entrent en Suisse. Juste après leur passage, les soldats rendent leurs armes, conformément aux accords de la convention de passage. Le dépôt des armes est contrôlé par les Allemands. Avec le désarmement, la Suisse s’acquitte de son devoir d’Etat neutre apte à interner.

Elle saisit en tout 284 pièces d’artillerie et mitrailleuses, 1158 chariots militaires, 64 800 armes blanches et 63 400 fusils. Tout ce matériel sera transporté dans des dépôts à l’intérieur du pays dès que les routes ne seront plus encombrées de soldats, cadavres d’animaux et matériel de guerre en panne.

Illustration 06: photo du parc d’artillerie de Colombier, 1871

4. Les étapes de la neutralité suisse, d’hier à aujourd’hui

La neutralité fut et est toujours un élément central de la politique étrangère et de la sûreté suisse. D’un point de vue historique et constitutionnel, elle n’a jamais été un but en soi poursuivi par notre gouvernement mais un moyen parmi d’autres d’atteindre ses objectifs centraux à proprement dit, notamment le maintien d’une indépendance maximale. Dans l’histoire de notre pays, la neutralité n’est pas un concept arrêté et défini une fois pour toutes. La Suisse a davantage adapté la neutralité aux différentes nécessités internationales et à ses propres intérêts. 

La neutralité est intimement liée à l’histoire de la Confédération dont elle a façonné le sort durant des siècles. Depuis le 16e siècle, la « non ingérence dans le commerce étranger » est pour la Confédération le choix le plus approprié en matière de politique étrangère et de sûreté afin de pouvoir survivre en tant qu’Etat indépendant entre les grandes puissances européennes qui s’affrontent. Elle s’imposait simultanément comme une nécessité de politique intérieure dans une fédération d’Etats caractérisée par les divergences d’intérêts, de confessions, de langues et de cultures. 

La neutralité est un concept de droit international et de politique complexe qui, dans la distribution du pouvoir spécifique au 18e et 19e siècle est devenu partie intégrante de l’ordre politique et juridique. Pour simplifier, la neutralité dans le droit international est la non participation d’un Etat aux guerres menée par d’autres Etats. La Suisse pouvait alors se dédier entièrement à sa politique intérieure. Ainsi, la neutralité a indirectement contribué à la mise en oeuvre et au développement de la démocratie directe, du fédéralisme, de la prospérité et de l’armée de défense organisée sur le principe de la milice. Elle permit à la Suisse de rester en marge pour préserver ce qui lui était propre et devenir « l’exception suisse ». 

Cette position devint peu à peu ce que l’on nomme la neutralité perpétuelle par laquelle la Suisse s’engage à rester militairement neutre, quels que soient le conflit et les pays impliqués, l’endroit et l’époque à laquelle éclate une guerre. En outre, son indépendance contre tout assaillant par tous les moyens militaires dont elle dispose et de refuser sur son territoire toute négociation contraire à la neutralité des Etats en guerre. La neutralité suisse a été reconnue par les grandes puissances de l’époque au congrès de Vienne en 1815.  

La neutralité perpétuelle a par la suite permis à la Suisse, entre autres éléments, de passer au travers des troubles importants du 19e et 20e siècle et, surtout, aux tempêtes de la Seconde Guerre mondiale. 

Aujourd’hui, le droit de neutralité apparaît sur un certain nombre de points incomplet et mal adapté à la situation actuelle. Il est resté intact depuis 1907 et a perdu de sa force de conviction. Calqué sur le modèle classique des guerres européennes du 19e siècle, c’est-à-dire les combats menés avec des armes conventionnelles, excluant les guerres menées pour des motifs économiques ou idéologiques, il est par conséquent dépassé. Il ne contient aucun règlement explicite sur la guerre aérienne et ne donne aucune réponse sur les nouvelles formes de violence et les nouveaux acteurs comme par exemple la guerre menée indirectement, le chantage économique et politique et le terrorisme. 

En outre, la Suisse est aujourd’hui entourée de pays voisins pacifiques qui, comme elle, ont adopté des valeurs telles que les Droits de l’Homme, la démocratie, l’Etat de droit et pour certains, le fédéralisme, et ne représentent par conséquent plus une menace pour la singularité de notre structure politique. Dans un tel contexte, la neutralité en tant que système de préservation d’une originalité en matière de politique intérieure perd de son sens. 

La neutralité perpétuelle est donc aujourd’hui avant tout un instrument politique de sûreté nationale. Elle permet de garantir la sécurité de notre pays. Elle offre également aux Etats voisins une garantie de stabilité et de prévisibilité. A côté de cette fonction de politique pacifique passive, la Suisse contribue aussi depuis longtemps activement au maintien de la paix en fournissant ses bons et loyaux services. Il faut cependant ajouter que depuis le Seconde Guerre mondiale, ses services sont de moins en moins sollicités. De telles tâches incombent aujourd’hui davantage aux organisations internationales (ONU : casques bleus, observateurs électoraux, observateurs de cessez-le-feu, commissions d’enquête) ou aux structures régionales (CSCE, UE, Ligue arabe). 

En matière d’économie et de politique de sûreté, l’Europe et le monde se sont rapprochés au cours du 20e siècle. La Suisse a certes refusé d’adhérer à l’EEE et à l’UE mais elle s’aligne sur les décisions de l’ONU pour les sanctions non militaires (Irak, Somalie et Libéria, Serbie et Monténégro). a neutralité suisse est une neutralité armée, c’est-à-dire qu’elle est décidée à défendre

5. Aperçu : les étapes de la neutralité suisse, d’hier à aujourd’hui

1674 

Première annonce officielle de neutralité des anciens confédérés lors d’une Diète fédérale. 

18ème 

La neutralité armée devient un droit coutumier. Le service soldé (surtout pour les Français) reste autorisé. 

1805/1806

Napoléon bafoue la neutralité suisse et exige de son Etat satellite de s’engager dans une alliance de défense contre l’Autriche et de participer au barrage continental contre la Grande-Bretagne. 

1815

Congrès de Vienne: la neutralité suisse est consignée par écrit pour la première fois et reconnue dans le droit international. Aucune alliance ne sera plus tolérée (défensive non plus). La neutralité sera perpétuelle et intégrale. 

1817  

Sous la pression des grandes puissances alliées, la Suisse adhère à la Sainte-Alliance malgré sa neutralité.

1848

Fondation de l’Etat fédéral: la neutralité est ancrée dans la structure gouvernementale.

1863

Henri Dunant fonde la Croix rouge dont le siège est à Genève.

1871

Internement de l’armée de Bourbaki.

1880-1900

La Suisse devient le siège de diverses organisations internationales.

1907 

Seconde conférence de la paix à la Haye: le droit de neutralité issu du droit coutumier du 19e siècle est partiellement codifié : 

Les droits d’un Etat neutre

  • Le territoire d’une puissance neutre est inviolable; il est interdit aux belligérants de faire passer à travers le territoire d’une puissance neutre des troupes ou des convois, soit de munitions soit d’approvisionnement. 
  • La puissance neutre est libre de se livrer sans entrave aux échanges économiques et au commerce privé, sur terre comme en mer, avec tous les Etats, y compris les belligérants. 

Les devoirs d’un Etat neutre 

  • Ne peut participer directement aux conflits armés ni soutenir les Etats belligérants avec des forces armées ou des armes.
  • Ne peut mettre son territoire à disposition des Etats belligérants pour installer une base d’opération, ni pour le traverser ni, aujourd’hui, pour le survoler.  
  • Doit défendre son territoire avec une armée conséquente.  

1ère GM

La Suisse peut maintenir sa neutralité.

1920

La Suisse devient membre de l’Alliance des Peuples et s’engage à participer aux mesures de coercition économiques mais non militaires.

1938  

La Suisse abandonne les obligations de l’Alliance des Peuples.

2ème GM

Entre neutralité et compromis: la Suisse autorise par exemple le transport d’armes sur son territoire de l’Allemagne vers l’Italie.

Guerre Froide

Neutralité asymétrique: la Suisse prend parti, elle prend par exemple clairement position pour les révolutionnaires lors des émeutes en Hongrie (1968) mais ne s’est jamais prononcé sur le renversement du président Alliende au Chili (1973).

1989 

La chute du mur de Berlin: la « Guerre froide » s’achève, et avec elle l’affrontement des deux blocs, à la suite des bouleversements historiques en Europe de l’Est. Ceci offre d’une part la possibilité de créer une Europe pacifique et unie dans la paix (UE) mais fait surgir d’autre part des conflits nouveaux ou larvés entraînant une nouvelle instabilité (Tchétchénie, Yougoslavie, ETA, Röstigraben...).

1990/91 

Guerre du Golfe: la Suisse soutient les sanctions non militaires promulguées par l’ONU: sanctions économiques de grande ampleur et embargo terrestre et marin contre l’Irak. Elle ne participe cependant à aucune sanction militaire: interdiction aux avions de combat ou aux avions de transport de troupes et de munitions de l’ONU de survoler le territoire suisse.

1992 

La Suisse participe aux sanctions économiques de l’ONU contre la Somalie et le Libéria.

1993

La Suisse participe aux sanctions économiques de l’ONU contre la Serbie et le Monténégro. Le survol du territoire suisse par les avions en mission pour l’ONU est autorisé pour la première fois !

2002

Le 3.3.2002 le peuple suisse accepte par référendum l’adhésion à l’ONU. Avec 57,6 %, le taux de participation est exceptionnel. 

Illustration 03: Monument commémoratif des soldats de l'armée de Bourbaki situé derrière la Hofkirche à Lucerne, photo prise autour de 1900
Illustration 03: Monument commémoratif des soldats de l'armée de Bourbaki situé derrière la Hofkirche à Lucerne, photo prise autour de 1900
Abbildung 04: Gemälde von Albert Anker „Hospitalité Suisse“
Abbildung 04: Gemälde von Albert Anker „Hospitalité Suisse“
Illustration 05: Hébergement improvisé des Bourbaki dans l’église St Mangen à Saint-Gall
Illustration 05: Hébergement improvisé des Bourbaki dans l’église St Mangen à Saint-Gall
Illustration 06: photo du parc d’artillerie de Colombier, 1871
Illustration 06: photo du parc d’artillerie de Colombier, 1871
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