Le panorama en tant que média
Avant que les premiers films ne remplissent les salles de cinéma, les panoramas attiraient les foules avec des représentations de villes, de paysages et de batailles. Brevetée en 1787, cette nouvelle forme de média est considérée comme une invention du britannique Robert Barker. Il réalise d’ailleurs lui-même une peinture à 360 degrés de la ville d’Édimbourg. L’attrait pour les divertissements visuels anime les hommes depuis toujours, encourageant le développement de toutes sortes de dispositifs avec effets d’illusions. Les toiles des panoramas sont peintes avec une grande précision, équipées de mises en scènes lumineuses avec des installations tridimensionnelles (faux-terrain) et sont visibles depuis une plateforme. Ces astuces permettent au visiteur d’être transporté au milieu de la scène représentée. Ainsi, le panorama devient le média visuel de masse du 19e siècle. Avec pour but d’effacer les frontières entre réalité et simu- lation, le panorama est aujourd’hui considéré comme le précurseur des projections 3D et des représentations de réalité virtuelle contemporaines. Le panorama vit actuellement une renaissance grâce au goût pour l’illusion et la suggestion, qui est aujourd’hui plus marqué que jamais.
Les faits
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Liens externes
Carte des trésors culturels
Le Panorama Bourbaki est un bien culturel unique. Il est mentionné sur la carte des trésors culturels lancée par Pro Patria 2022, une sélection des projets soutenus par la Fondation au cours des 30 dernières années.
Un goût prononcé pour les divertissements visuels
La volonté de l’Homme de reproduire la réalité et de créer l’illusion s’observe tout au long de l’histoire de l’art et des médias. On constate, d’une part, le besoin sous-jacent de créer un lien émotionnel fort entre le spectateur et un récit. D’autre part, le plaisir de se transporter dans de nouvelles formes du divertissement visuel motive la recherche de nouvelles techniques illusionnistes. Dans un processus de développement constant, il vient aux inven- teurs, aux bricoleurs et aux artistes l’idée de créer des objets et des mécanismes visant à tromper l’œil, à suggérer l’effet 3D et à créer l’illusion. Les inventions comme la technique picturale du trompe-l’œil, la camera obscura, la lanterne magique, le zootrope (tambour magique), le stéréoscope ou le folioscope en font partie. Le Panorama Bourbaki de Lucerne est l’un des plus importants « grands panoramas » au monde, se trouvant encore dans un bon état de conservation. L’invention du « grand panorama » repré- sente une étape clé dans l’histoire de la création de mondes illusoires.
Edouard Castres
Un peintre investi d’une mission. Le peintre du Panorama Bourbaki sait précisément ce qu’il souhaite représenter sur sa toile. Édouard Castres (1838–1902) a lui-même pris part au passage des soldats à la frontière des Verrières, en tant que bénévole de la Croix-Rouge. Sa représentation réaliste des horreurs de la guerre, se concentrant sur des destins individuels, constitue ainsi un plaidoyer pour la paix.
La complexité de la composition met Castres face à de nombreuses difficultés. Il parvient pourtant, de manière étonnante, à représenter la vallée longitudinale du Val-de-Travers sur une toile circulaire. Le choix du «centre idéal» du panorama constitue également un élément essentiel pour parvenir à créer l’effet escompté. Il compose un lieu imaginaire depuis lequel le paysage et des scènes diverses peuvent être observés le long de la vallée. Castres réalise la peinture circulaire à Genève en 1881 avec une équipe de peintres, qu’il recrute en partie dans les rangs des élèves de Barthélemy Menn. Le jeune Ferdinand Hodler en fait partie.
Restauration
1000 mètres carrés de peinture à conserver! Au fil des décennies, la peinture circulaire créée en 1881 par Édouard Castres subit des dommages considérables. L'Association Panorama Bourbaki Lucerne est fondée en 1979 pour sauver la peinture circulaire unique de la disparition et pour financer les travaux de restauration. Les premiers travaux de sécurisation et de conservation de la peinture, mesurant plus de mille mètres carrés et pesant autant de kilos, débutent en 1996.
Au cours des sept années suivantes, d'autres interventions, parfois spectaculaires, se déroulent en plusieurs phases. L'objectif étant de faire disparaître de grands plis apparus sur la toile et de nettoyer la surface, souillée par des dépôts de suie. Le colmatage de plus de mille trous et fissures dans la toile représente également un processus complexe. La méthode utilisée a d’ailleurs été spécialement développée dans ce but. Afin de stabiliser l'état de la peinture à long terme, un système de climatisation est installé et les fenêtres du toit vitré de la rotonde sont remplacées. La conservation et un entretien professionnel régulier de la peinture doivent également être garantis à l'avenir.
L’Association Panorama Bourbaki Lucerne soutient avec les cotisations de ses membres et les dons reçus la conservation du Panorama Bourbaki et assure ainsi l'accès au public.
Projet actuel : Renouvellement de l'Appareil optique
S’agissant de mettre en scène les tableaux circulaires, «l’appareillage optique» remplit depuis toujours deux tâches essentielles: il renforce d’une part la perception de l’illusion optique et, d’autre part, régule la diffusion importante de la lumière sur le tableau et le faux terrain. Il est composé, pour l’essentiel, du baldaquin, du velum et des voiles d'ombrage. L’appareillage optique du Panorama Bourbaki aura bientôt besoin d’être rénové. Le baldaquin, véritable «ciel» textile suspendu, a particulièrement souffert d'infiltrations d’eau. Depuis la rénovation du toit en 2016, ce risque est écarté. Mais les taches provoquées avant cette date sont malheureusement bien visibles des visiteurs et donnent l’impression que le baldaquin est sale et mal entretenu. En d’autres termes, il ne correspond plus à l’exigence de qualité de la présentation et de l’état du tableau. L’usure matérielle du velum gêne par ailleurs la vue sur l’oeuvre: cette voile pend en huit points au-delà de la bordure du baldaquin gris, masquant une partie du tableau.
Les éléments à remplacer, le dispositif d’abaissement électronique nécessaire, l’encadrement par des restaurateurs et la direction du projet devraient occasionner des coûts de l’ordre de 300 000 francs. Merci pour toute contribution qui permettra de préserver l’expérience visuelle du Panorama Bourbaki!
Soutien
L'association du Panorama Bourbaki Lucerne a pour objectif d'assurer la conservation et le suivi régulier du tableau par des restaurateurs et des conservateurs, également à l'avenir. Contribuez à la préservation de ce monument culturel unique - pour que ses histoires ne se taisent pas. En tant que membre ou en tant que donatrice et donateur. Un grand merci !